Objectif 14. D’ici 2020, la base scientifique relative à la biodiversité est améliorée et le savoir en matière de biodiversité est mieux intégré et plus accessible.

Indicateurs :

À propos de l’objectif

Les renseignements provenant de perspectives multiples, y compris les connaissances autochtones, améliorent notre compréhension de la biodiversité et des écosystèmes, de leurs processus, de leurs vulnérabilités et de leurs tendances. De l’information exacte, opportune et accessible est essentielle pour habiliter le Canada à conserver efficacement la biodiversité, à atténuer les répercussions de la perte de biodiversité et à apprécier efficacement les services écosystémiques dans la prise de décision.

La recherche continue et l’amélioration de la capacité de surveillance sont cruciales pour approfondir notre compréhension de la biodiversité. Les approches visant à mieux traduire les renseignements existants en mesures de conservation efficaces sont tout aussi importantes. Les avancées dans un éventail de domaines – de la télédétection aux systèmes d’information géographique en passant par la bio-informatique – offrent un potentiel sans précédent de développement ainsi que de partage de données et d’échange de renseignements, et ouvrent la voie à une nouvelle vague d’innovation du savoir en partenariat avec les gouvernements autochtones, les universités et les scientifiques dans la communauté.

L’objectif 14 du Canada est liée à l’objectif d'Aichi mondial suivant dans le cadre du Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique

  • Aichi Objectif 19 - D’ici à 2020, les connaissances, la base scientifique et les technologies associées à la diversité biologique, ses valeurs, son fonctionnement, son état et ses tendances, et les conséquences de son appauvrissement, sont améliorées, largement partagées et transférées, et appliquées.

Évaluation finale de 2020

La consultation d’une base de données mondiale de citations[i] et un examen des articles scientifiques liés « à la biodiversité et au Canada » ont permis de constater qu’il y a près de 50 % d’articles supplémentaires publiés de 2016 à 2020 par rapport à ceux de 2011 à 2015. Le Global Biodiversity Information Facility (GBIF) présente plus de 112 millions d’enregistrements relatifs à la biodiversité au Canada provenant de plus de 2 000 bases de données. À la fin de 2020, les principales collections des musées canadiens contenaient plus de 29 millions de spécimens classés par taxonomie dans des lieux canadiens disponibles pour une utilisation scientifique, soit une augmentation de plus de 3 millions depuis 2017. On dispose désormais de données numérisées pour près de la moitié (49 %) de ces spécimens, soit une augmentation par rapport à 31 % en 2017[ii]. Un rapport d’atelier sur les besoins en information pour la conservation de la biodiversité au Canada a été publié en 2021[iii].

L’objectif a été partiellement atteint puisque la base scientifique s’est considérablement élargie et de plus en plus de données sont accessibles sous forme numérique. Toutefois, de nombreux ensembles de données ne sont pas encore accessibles, et il n’est pas certain que les renseignements soient mieux intégrés ou plus faciles à intégrer dans le processus décisionnel. Les auteurs du rapport de l’atelier ont cerné 50 besoins prioritaires en matière d’information pour les politiques et les pratiques de conservation de la biodiversité au Canada. Ils ont également souligné la nécessité d’améliorer la collaboration avec les détenteurs de connaissances traditionnelles autochtones, de mieux traduire les renseignements scientifiques existants en décisions, tout en tenant compte des facteurs sociaux et politiques, de travailler avec des scientifiques de données et de sciences sociales et de coordonner les échelles, les administrations et les secteurs.

Le rapport de l’atelier de 2021 d’une évaluation nationale préliminaire des besoins en matière d’information pour la conservation de la biodiversité au Canada était fondé sur l’obtention de points de vue d’experts en conservation de la biodiversité au Canada par le biais d’un processus en trois étapes : enquête en ligne, atelier en personne et discussion par courriel. Les 50 besoins prioritaires en matière d’information ciblés pour les politiques et pratiques de conservation de la biodiversité au Canada ont été classés en six thèmes.

  1. Examiner et évaluer la politique et les mesures de conservation existantes
    Un examen complet des politiques, programmes, mesures incitatives et dissuasives, pratiques de gestion bénéfiques, outils, et leur capacité à soutenir ou à entraver les efforts de conservation de la biodiversité a été défini comme un besoin d’information clé.

  2. Comprendre les mécanismes permettant d’obtenir et de mobiliser le soutien du public et de faciliter un changement transformateur.
    Il est nécessaire de déterminer comment traduire l’intérêt du public pour la biodiversité en changements significatifs de comportement, d’action et d’intendance.

  3. Mener des recherches ciblées pour la planification et la gestion
    Il existe plusieurs besoins d’information liés à l’aide à la décision, notamment sur la manière de conserver à la fois la faune et les services écosystémiques, la compréhension de la capacité d’adaptation et la réponse prévue des espèces et des écosystèmes aux changements climatiques, le stockage du carbone, la connectivité des aires de conservation ainsi que l’incertitude et la variabilité futures.

  4. Suivre l’état et les tendances de la biodiversité
    Il est nécessaire de comprendre l’allocation optimale des ressources, entre la surveillance, l’inventaire et la recherche, et les mesures de conservation. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour compléter et harmoniser les inventaires des habitats clés – notamment les milieux humides – à travers de multiples échelles spatiales et administrations.

  5. Comprendre les principales menaces qui pèsent sur la biodiversité et la manière dont elles peuvent être traitées par le biais d’un changement transformateur.
    Il est nécessaire de mieux comprendre les impacts relatifs des polluants et de l’expansion de l’agriculture, ainsi que les effets cumulatifs des multiples menaces qui pèsent sur la biodiversité dans des contextes de conservation réels et en évolution rapide.

  6. Améliorer la mobilisation et l’accessibilité de l’information
    Il est urgent de définir des normes pour la gestion et la diffusion des données afin de faire face à l’augmentation rapide du flux de données environnementales généré par les nouvelles technologies de surveillance.

[i] Clarivate. Web of Science, 2022. https://support.clarivate.com/ScientificandAcademicResearch

[ii] Canadian Museum of Nature Collection Services and Information Management. Communications personnelles, 2021. https://nature.ca/en/research-collections/collections

[iii] Rachel T. Buxton et coll. « Key information needs to move from knowledge to action for biodiversity conservation in Canada » dans Biological Conservation, volume 256, 2021. https://doi.org/10.1016/j.biocon.2021.108983

Mesures de contribution

Les programmes de surveillance et de recherche sur la biodiversité continuent d’accumuler des données et de les mettre à la disposition des chercheurs et du public. Canadensys est un réseau de chercheurs, collectionneurs, conservateurs, technologues de l’information, étudiants et enseignants qui vise à mettre en commun des données sur l’occurrence et l’identité des espèces végétales, animales, fongiques et autres au Canada. D’autres portails tels que eBird, iNaturalist, NatureCounts et WildTrax ont été considérablement améliorés et étendus pour soutenir un nombre croissant de projets liés à la science citoyenne. Collectivement,  ils mobilisent des dizaines de milliers de participants chaque année pour contribuer aux observations de données sur la biodiversité. Des progrès substantiels ont également été réalisés dans la mise au point d’outils de diffusion des données et d’aide à la décision afin de garantir que les données relatives à la biodiversité soient disponibles pour soutenir la prise de décision. En particulier, NatureCounts permet maintenant d’accéder à la grande majorité des données sur la distribution et l’abondance des oiseaux au Canada, tandis que NatureServe Explorer a été mis au point pour communiquer les données sur les espèces dont la conservation est préoccupante qui sont hébergées par les Centres de conservation des données au Canada. Ces plateformes comprennent une variété d’outils cartographiques et graphiques destinés à appuyer la prise de décision en matière de conservation, y compris pour l’évaluation des impacts sur l’environnement. Un grand nombre de ces données sont également transmises au GBIF.

Le Projet de modélisation de l’avifaune boréale est une initiative de recherche en cours créée dans le but d’élaborer les meilleurs modèles possible de prévision d’habitats d’oiseaux à partir des données existantes, afin de répondre aux besoins urgents de conservation et d’offrir de l’information destinée aux futurs efforts de recherche et de surveillance.

En 2020, NatureServe Canada a lancé l’initiative EBAR (Ecosystem-based Automated Range maps) et élabore des cartes d’aires de répartition accessibles au public relativement à différents ensembles d’espèces d’importance. Les cartes EBAR soutiennent les programmes prioritaires tels que les évaluations d’impact environnemental, les évaluations de la situation des espèces en péril et les plans d’action de rétablissement, ainsi que la détermination des zones clés pour la biodiversité (KCB).

Le Canada participe au Système d’information sur la Diversité des animaux domestiques (DAD‑IS) qui est un ensemble de bases de données consultables sur la diversité des races d’animaux d’élevage. Le système permet une analyse aux échelles nationale, régionale et mondiale et comprend le statut des races en ce qui concerne leur risque d’extinction.

Les rapports Espèces sauvages évaluent la situation et présentent par écrit de l’information sur la répartition des espèces sauvages au Canada, y compris les espèces animales, végétales et fongiques. Le rapport de 2015 comprenait des renseignements sur environ 30 000 espèces, tandis que le rapport de 2020, publié à l’automne 2022, comprend des détails sur plus de 50 000 espèces, soit plus de la moitié de toutes les espèces sauvages que l’on croit présentes au Canada.