Objectif 11. D’ici 2020, les voies d’invasion des espèces exotiques envahissantes sont identifiées, et des plans d’intervention ou de gestion fondés sur les risques sont en place dans le cas des voies d’invasion et des espèces prioritaires.
Indicateurs :
À propos de l’objectif
L’IPBES indique que les espèces exotiques envahissantes sont l’un des principaux facteurs directs de perte de biodiversité dans le monde[i]. Les espèces exotiques envahissantes sont des espèces de plantes, d’animaux et de microorganismes introduites dans des environnements extérieurs à leur habitat d’origine et qui, une fois établies, menacent les espèces indigènes, l’économie ou la société. Des exemples bien connus au Canada sont la salicaire commune, la maladie hollandaise de l’orme, la lamproie, le crabe vert, la moule zébrée et l’agrile du frêne.
Les espèces envahissantes sont souvent introduites par le biais de biens importés, ou en tant que passagers clandestins sur les navires ou à bord de ceux-ci et d’autres marchandises importées, ou ou se déplacent au-delà de leur aire de répartition et de leur habitat d'origine pour s'établir dans un endroit complètement nouveau. Puisque, bien souvent, elles n’ont pas de prédateurs naturels dans leur nouvel environnement ou parce que les espèces endémiques n’ont pas d’immunité, les populations d’espèces exotiques envahissantes peuvent augmenter sans frein et causer d’importants dommages à l’habitat et aux sources de nourriture des espèces indigènes, ainsi que nuire aux économies régionales, aux activités récréatives et aux communautés locales.
Des centaines d’espèces envahissantes sont présentes au Canada. Par exemple, entre 1600 et 2005, on estime que 486 plantes exotiques envahissantes ont été introduites au Canada[ii]. En outre, 615 autres espèces végétales exotiques ont été détectées dans les États américains limitrophes du Canada ou des Grands Lacs; des espèces qui présentent un risque potentiel d’invasion. Il existe également de nombreux insectes, oiseaux, mammifères et espèces de poissons, d’invertébrés et de plantes aquatiques marines ou d’eau douce envahissants qui se sont établis ou qui présentent un risque d’introduction au Canada. Il est donc urgent d’améliorer notre compréhension de ces espèces et de leurs déplacements, et d’éviter leur introduction et leur propagation.
L’objectif 11 du Canada est liée à l’objectif d'Aichi mondial suivant dans le cadre du Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique :
Aichi Objectif 9 - D’ici à 2020, les espèces exotiques envahissantes et les voies d’introduction sont identifiées et classées en ordre de priorité, les espèces prioritaires sont contrôlées ou éradiquées et des mesures sont en place pour gérer les voies de pénétration, afin d’empêcher l’introduction et l’établissement de ces espèces.
[i] https://ipbes.net/invasive-alien-species-assessment
[ii] Agence canadienne d’inspection des aliments. Plantes exotiques envahissantes au Canada, 2008. https://publications.gc.ca/collections/collection_2008/inspection/A104-64-2008F.pdf
Évaluation finale de 2020
L’indicateur utilisé pour la synthèse du sixième rapport national du Canada en 2019 n’a pas été mis à jour depuis 2015et n’a pas changé. En effet, aucune nouvelle espèce exotique envahissante ne s’est établie au Canada entre 2012 et 2015. Les renseignements sur les plans d’interventions ou de gestion en place n’ont pas été mis à jour depuis 2018, mais les résultats d’enquêtes menéesont alors montré une importante tendance à la hausse.
On peut dire que l’objectif a été atteint, car les voies d’introduction ont été définies et des mesures sont en place pour les voies et les espèces prioritaires.
Il reste cependant d’importantes voies d’entrée qui ne sont pas traitées de manière adéquate, tant sur le plan de la gestion des risques qu’en terme de gestion., Dans le contexte de la mondialisation croissante, de nouvelles voies d’introduction peuvent apparaître de temps à autre. Outre les voies d’accès, la ténacité de nombreuses espèces exotiques envahissantes nouvellement introduites et établies rend difficile la mise en œuvre de plans de gestion efficaces dans tout le pays. Pour ces raisons, les espèces exotiques envahissantes continuent de représenter une menace sérieuse.
Une collaboration continue et renforcée sur les programmes de contrôle des espèces exotiques envahissantes établies, de surveillance et de recherche est nécessaire à la suite des recommandations formulées aux ministres de la Conservation, de la Faune et de la Biodiversité en 2018 par le Groupe de travail fédéral-provincial-territorial sur les espèces exotiques envahissantes[i].
[i] Groupe de travail fédéral-provincial-territorial sur les espèces exotiques envahissantes. Recommandations pour améliorer la prévention de l’introduction d'espèces exotiques envahissantes au Canada et leur gestion, 2017. https://www.biodivcanada.ca/strategie-et-plan-daction-de-biodiversite-nationale/autres-stratgies-connexes/recommandations-du-groupe-de-travail-sur-les-espces-exotiques-envahissantes
Mesures de contribution
Tous les ordres de gouvernement et de nombreuses organisations partout au Canada continuent de travailler sur des mesures particulières de contrôle des espèces envahissantes ainsi que sur la détermination des voies prioritaires d’entrée des espèces envahissantes au Canada. Par exemple, depuis 2018, les activités de l’Ontario en vertu de la Loi sur les espèces envahissantes de la province ont consisté à consulter les partenaires sur l’examen de nouvelles espèces à réglementer; afficher des plans de prévention et d’intervention pour l’aloès d’eau et la châtaigne d’eau.
Les efforts d’éducation et de sensibilisation ont augmenté pour aider à réduire l’introduction et la propagation des espèces exotiques envahissantes. Les gouvernements provinciaux et territoriaux, ainsi que le Centre sur les espèces envahissantes, le Conseil canadien sur les espèces envahissantes, et d’autres organisations non gouvernementales provinciales et territoriales travaillent activement à mettre au point des outils et des ressources pour la prévention et la gestion des espèces exotiques envahissantes, à soutenir la recherche sur les espèces exotiques envahissantes, et à promouvoir la collaboration de même que les programmes d’éducation et de sensibilisation. Par exemple, en 2019, le Comité national sur les espèces aquatiques envahissantes a fait ressortir le besoin de normaliser la trousse de communication Ne les relâchez pas dans la nature partout au Canada. Ils ont élaboré un message reconnaissable à l’échelle nationale qui s’aligne sur les réglementations fédérales, provinciales et territoriales.
Les municipalités de tout le pays ont fait des efforts pour lutter contre les espèces exotiques envahissantes. Par exemple, en 2017, la ville de London a adopté la London Invasive Plant Management Strategy; d’autres municipalités ontariennes, comme le Mississauga en 2021, lui ont emboîté le pas.
En 2020, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, en collaboration avec le Service canadien des forêts et des partenaires locaux, a pu déclarer que le longicorne asiatique avait été éradiqué des villes de Mississauga et de Toronto dans la province de l’Ontario.
L’Invasive Species Centre a mis sur pied une communauté de pratique municipale pour encourager le partage des connaissances entre les municipalités au sujet des espèces envahissantes.
Le Conseil canadien sur les espèces envahissantes assure la coordination avec ses partenaires et fournit un portail central d’outils de rapports pour que les citoyens et les naturalistes puissent agir contre les espèces envahissantes en rassemblant des données sur la distribution des espèces envahissantes partout au Canada. Le signalement de l’emplacement des espèces envahissantes peut aider les chercheurs et les gestionnaires des terres à détecter les nouvelles populations, à prévenir les épidémies futures et à gérer les espèces envahissantes avant qu’elles ne s’établissent à grande échelle. Les outils de déclaration inclus dans le portail sont le projet iNaturalist Je vois, j’identifie, le système de cartographie de détection précoce et de distribution sur le Web (EDDMapS) et iMapInvasives. Le site comprend également des liens vers les ressources provinciales et territoriales, les espèces envahissantes réglementées par le gouvernement fédéral et les programmes dédiés à des espèces envahissantes particulières à haut risque, comme les cochons sauvages.