Objectif 3. D’ici 2020, les terres humides du Canada sont conservées ou améliorées afin de soutenir leurs services écosystémiques grâce à des activités de rétention, de restauration et de gestion.
À propos de l’objectif
Les milieux humides sont des terres recouvertes ou imbibées d’eau, que ce soit de façon saisonnière ou tout au long de l’année. Ils englobent les tourbières oligotrophes et minérotrophes, les marécages, les marais et les eaux peu profondes et libres. Les milieux humides comptent parmi les écosystèmes les plus productifs de la planète. Ils fournissent de nombreux services écosystémiques, notamment en purifiant l’eau, en éliminant les polluants, en servant de zone tampon naturelle pour les inondations ou les sécheresses ainsi qu’en séquestrant et en stockant le carbone. Ils abritent également de nombreuses espèces (y compris des espèces en péril), incluant un nombre important d’oiseaux migrateurs, de poissons et d’amphibiens. Une grande diversité de plantes et de nombreuses autres espèces vivent dans les milieux humides. Compte tenu de la riche biodiversité qu’ils soutienne, les milieux humides offrent des endroits pour observer les espèces sauvages et rétablir le lien avec le milieu naturel.
Les milieux humides recouvrent environ 1,29 million de km2 au Canada, soit 13 % de son territoire terrestre[i] – ce qui représente près du quart des milieux humides qui existent encore dans le monde.
L’objectif 3 du Canada est liée à l’objectif d'Aichi mondial suivant dans le cadre du Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique
Objectif 4 - D’ici à 2020 au plus tard, les gouvernements, les entreprises et les parties prenantes, à tous les niveaux, ont pris des mesures, ou mis en œuvre des plans, pour assurer la production et la consommation durables et maintenu l’utilisation des ressources naturelles dans des limites écologiques sûres.
Objectif 5 - D’ici à 2020, le rythme d’appauvrissement de tous les habitats naturels, y compris les forêts, est réduit de moitié au moins et si possible ramené à près de zéro, et la dégradation et la fragmentation des habitats sont sensiblement réduites.
Objectif 14 - D’ici à 2020, les écosystèmes qui fournissent des services essentiels, en particulier l’eau et contribuent à la santé, aux moyens de subsistance et au bien-être, sont restaurés et sauvegardés, compte tenu des besoins des femmes, des communautés autochtones et locales, et des populations pauvres et vulnérables.
Objectif 15 - D’ici à 2020, la résilience des écosystèmes et la contribution de la diversité biologique au stocks de carbone sont améliorées, grâce aux mesures de conservation et restauration, y compris la restauration d’au moins 15% des écosystèmes dégradés, contribuant ainsi à l’atténuation des changements climatiques et l’adaptation à ceux-ci, ainsi qu’à la lutte contre la désertification.
[i] Fondé sur des données pour la période de la fin des années 1990 à 2014. Environnement et Changement climatique Canada. Indicateurs canadiens de durabilité de l'environnement : Étendue des milieux humides au Canada, 2016. https://publications.gc.ca/collections/collection_2016/eccc/En4-281-2016-fra.pdf
Évaluation finale de 2020
De nombreux progrès ont été réalisés en ce qui concerne les activités de conservation, de restauration et de gestion (voir les Mesures de contribution), de sorte que l’objectif a été partiellement atteint. Toutefois, on ne dispose pas d’un tableau complet de l’état et des tendances concernant l’étendue et la santé des milieux humides au Canada, et la création et la restauration des terres humides conviennent mieux aux marais et non pas aux tourbières ombrotrophes ou minérotrophes. Les conclusions du rapport de 2010 sur l’état et les tendances des écosystèmes sont toujours pertinentes : la perte et la dégradation des milieux humides se poursuivent dans de nombreuses régions du Canada[i]. Les milieux humides sont soumis à des pressions dues à la conversion à l’agriculture et à d’autres formes de développement, à la pollution, aux espèces envahissantes et aux changements climatiques.
La poursuite des travaux de conservation, de restauration et de gestion est importante, mais devrait être complétée par une planification et une politique dans tous les secteurs qui réduiraient les pertes de milieux humides naturels et auraient pour objectif une perte nette nulle dans tout le pays. Il faut notamment mettre l’accent sur les zones où la perte historique de milieux humides est la plus importante, comme dans les zones urbaines et bâties, tout en reconnaissant que la création et la restauration de milieux humides sont plus adaptées aux marais et non pas aux tourbières oligotrophes ou minérotrophes.
[i] Gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux du Canada. Biodiversité canadienne : état et tendances des écosystèmes en 2010, 2010. https://publications.gc.ca/collections/collection_2011/ec/En14-26-2010-fra.pdf
Mesures decontribution
Des travaux importants sont réalisés par l’intermédiaire du Plan nord-américain de gestion de la sauvagine (PNAGS) – un partenariat international visant à restaurer, conserver et protéger les populations de sauvagine et les habitats associés par des décisions de gestion fondées sur des bases biologiques solides dans l’ensemble du Canada, des États-Unis d’Amérique et du Mexique. Depuis 1986, le PNAGS a aidé à réduire le rythme de la perte et de la dégradation des milieux humides en protégeant et restaurant les milieux humides, en établissant des accords de conservation et en exerçant une influence sur les activités d’intendance des propriétaires fonciers, des gestionnaires de terres et des organismes de conservation. Depuis sa création, plus de 9,4 millions d’hectares de milieux humides et d’habitats des hautes terres associés ont été protégés au Canada. Par cela, on entend la protection des habitats par le transfert de titres fonciers ou la conclusion d’accords juridiques contraignants avec des propriétaires fonciers (durée minimale de 10 ans).
Les intervenants canadiens dans le domaine de la conservation travaillent ensemble afin de désigner et de gérer efficacement les zones humides d’importance internationale (les sites Ramsar), dont bon nombre sont également désignés comme étant des refuges d’oiseaux migrateurs, des réserves nationales de faune et des parcs provinciaux et nationaux. En date de 2022, le Canada compte 37 sites désignés comme zones humides d’importance internationale, dont la superficie est de 13 086 767 hectares.
Les efforts déployés dans le cadre de l'initiative améliorée du Patrimoine naturel pour conserver 25 % et éventuellement 30 % des terres et des océans comprendront des terres humides, et, grâce au Fonds pour l’infrastructure naturelle, des investissements seront faits dans les collectivités pour entreprendre des projets d'infrastructure naturelle, comme la restauration des terres humides, la reconstruction des rives et bassins d'eaux pluviales naturalisés. Les projets liés aux infrastructures naturelles sont également éligibles au soutien du Fonds d'atténuation et d'adaptation en matière de catastrophe.
Par l'intermédiaire du Fonds des solutions climatiques axées sur la nature, le gouvernement du Canada investit dans des solutions climatiques axées sur la nature, y compris la conservation, la restauration et l'amélioration des terres humides pour stimuler la biodiversité, la séquestration du carbone et la résilience aux changements climatiques. Environnement et Changement climatique Canada a reçu des fonds pour augmenter la quantité et améliorer la qualité de la couverture de l’Inventaire canadien des milieux humides. Le but de cet inventaire est de fournir des données de base pour comprendre : a) l’état actuel des terres humides au Canada; b) les changements dans l’étendue et la fonction des milieux humides; et c) comment les humains influencent ces changements.
Le Fonds pour la restauration côtière de Pêches et Océans Canada fournit 75 millions de dollars sur 5 ans (de 2017 à 2022) pour soutenir les programmes de restauration de l’habitat côtier à l’échelle locale et communautaire, dans le but d’atténuer les facteurs de stress marins. Actuellement, le Fonds devrait permettre de restaurer 65 046 hectares d’habitats aquatiques et de contribuer à la survie ou au rétablissement d’espèces menacées ou en voie de disparition.
Le Programme de surveillance des marais est un programme de surveillance des espèces sauvages des marais de la côte et de l’arrière-pays. En 2020, il a célébré les 25 ans d’un partenariat binational dirigé par Oiseaux Canada, Environnement et Changement climatique Canada et l’Environmental Protection Agency des États-Unis. Le Programme de surveillance des marais est un programme de surveillance de la faune (principalement des oiseaux et des amphibiens dans certaines régions) pour les marais côtiers et intérieurs.
Un exemple de gestion efficace des terres humides peut être vu au parc national de la Pointe-Pelée, qui comprend l'un des plus grands marais restants du sud de l'Ontario et est un site Ramsar désigné. Parcs Canada et ses partenaires mettent en œuvre un projet de restauration pluriannuel pour améliorer la santé des marais en augmentant les habitats en eau libre et en bordure. Ce travail de restauration de l'un des rares grands marais restants dans le système des Grands Lacs fait partie du programme de conservation et de restauration de Parcs Canada. Ce programme vise à conserver et à restaurer la nature par la collaboration, la preuve et la réconciliation.
Le Programme de surveillance écologique du delta des rivières de la Paix et Athabasca entreprend la surveillance à long terme et la rédaction de rapports sur la santé du delta des rivières de la Paix et Athabasca en faisant appel à la science occidentale et aux connaissances traditionnelles. Désigné comme site Ramsar, ou zone humide d’importance internationale, le delta revêt une importance écologique en tant que zone de nidification et de halte migratoire pour les oiseaux aquatiques migrateurs des quatre voies de migration d’Amérique du Nord. Quatre-vingts pour cent (80 %) du delta se trouve dans le parc national Wood Buffalo, qui est un site du patrimoine mondial. Le delta est une patrie pour le peuple autochtone de la région.