Objectif 5. D’ici 2020, la capacité des systèmes écologiques canadiens à s’adapter aux changements climatiques est mieux comprise, et des mesures d’adaptation prioritaires sont en cours.
Indicateurs :
Réalisation d’évaluations de la vulnérabilité des systèmes écologiques et de la biodiversité à l’égard des changements climatiques dans des secteurs et des régions à l’échelle du Canada qui déterminent des aires prioritaires et des espèces les plus préoccupantes
Nombre et étendue des plans de gestion, d’utilisation et d’exploitation des terres réalisés et mis en œuvre qui intègrent des considérations explicites de l’adaptation, afin de faciliter ou d’accroître la résilience et l’utilisation durable des espèces et des aires les plus préoccupantes
À propos de l’objectif
Les impacts des changements climatiques sur les écosystèmes continuent de poser des risques sérieux pour la santé, la sécurité, les moyens de subsistance et le bien-être des Canadiens et de leurs communautés. Les changements climatiques exercent déjà des effets de grande envergure au Canada. Les températures moyennes annuelles augmentent, de même que la fréquence et la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes et des perturbations naturelles comme les incendies, et l’on observe des changements dans les précipitations. Les paysages et les habitats changent sous l’effet du réchauffement climatique, notamment la perte de la couverture de glace et du pergélisol dans le Nord et le déclin de la couverture de glace dans les Grands Lacs.
Ces changements ont une incidence sur la biodiversité et les systèmes écologiques partout au pays. On note, par exemple, des modifications dans la répartition, la productivité et l’abondance des espèces, ainsi que dans les habitudes de migration et de reproduction de nombreuses espèces et dans la floraison ou la grenaison. En outre, les changements climatiques exacerbent d’autres menaces existantes à la biodiversité, comme la perte d’habitats et l’introduction et la propagation d’espèces exotiques envahissantes.
Tous les ordres de gouvernement s’efforcent de mieux comprendre les principales vulnérabilités des systèmes naturels, d’évaluer si et comment ces écosystèmes s’adapteront, et de donner la priorité aux mesures qui renforcent la résilience. Les efforts importants et soutenus déployés aux échelles fédérale, provinciale, territoriale et municipale ont permis de réaliser des progrès considérables dans la compréhension des liens complexes entre les systèmes écologiques et le climat, y compris la capacité d’adaptation des systèmes écologiques. En partenariat avec le milieu universitaire, le secteur privé et des organisations non gouvernementales, les gouvernements travaillent également à l’élaboration de mesures d’adaptation efficaces, y compris l’élaboration d’outils et de lignes directrices, pour s’attaquer aux répercussions les plus pressantes sur les secteurs prioritaires et les espèces préoccupantes.
Les initiatives visant déjà à protéger et à restaurer la biodiversité – comme les aires de conservation, les corridors protégés et les pratiques d’utilisation durable des ressources naturelles – peuvent renforcer la résilience du capital naturel du Canada. Ces travaux doivent s’appuyer sur l’amélioration des connaissances relatives aux changements induits par le climat dans les écosystèmes. À mesure que les habitats viables changent, par exemple, il sera important ‘envisager d’étendre et d’améliorer la connectivité des paysages terrestres et marins en utilisant des corridors écologiques entre les parcs et les refuges, protégeant les espèces, tout en fournissant un habitat et des services à la nature et aux personnes.
Compte tenu des liens importants entre les communautés autochtones et la terre, l’eau et la glace, les connaissances sont essentielles pour comprendre les impacts des changements climatiques sur les écosystèmes et pour concevoir et mettre en œuvre des approches pour leur préservation et leur gestion.
L’objectif 5 du Canada est liée à l’objectif d'Aichi mondial suivant dans le cadre du Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique :
Aichi Objectif 19 - D’ici à 2020, les connaissances, la base scientifique et les technologies associées à la diversité biologique, ses valeurs, son fonctionnement, son état et ses tendances, et les conséquences de son appauvrissement, sont améliorées, largement partagées et transférées, et appliquées.
Évaluation finale de 2020
Des recherches et des évaluations en ce qui concerne les impacts des changements climatiques sur la biodiversité sont en cours et des efforts sont déployés pour mettre en œuvre des mesures d’adaptation. Des travaux plus récents ont été effectués depuis le 6e rapport national (voir Mesures de contribution). Cependant, la plupart de ces travaux sont de nature régionale ou sont propres à un site et il n’existe pas de dépôt central ou de coordination nationale.
L’objectif du Canada a été atteint étant donné la meilleure compréhension de la capacité d’adaptation de certains écosystèmes sur la base de mesures d’adaptation en cours. Toutefois : il reste encore beaucoup de travail à faire, car il y a des lacunes dans les renseignements et il est nécessaire d’étendre les mesures d’adaptation concrètes. Ce processus est continu. On ne sait pas non plus quelle est l’ampleur des mesures d’adaptation dans le pays et dans les différents types d’écosystèmes, et quel est l’éventail des mesures classiques (telles que l’agrandissement du réseau d’aires protégées et l’augmentation de la connectivité) et interventionnistes (telles que la migration assistée et la conservation fondée sur le triage) qui existent ou sont nécessaires. Des efforts coordonnés sont nécessaires pour répondre à ces questions et orienter les travaux en cours. Tant la Stratégie nationale d’adaptation du Canada que le Plan Science du climat 2050 comprennent des stratégies et actions prioritaires pour la biodiversité et les écosystèmes afin d’assurer une approche globale et cohérente. Ces efforts visent à réduire la pollution, à créer plus d'emplois, à soutenir une économie plus saine et un environnement plus sain.
Mesures de contribution
En décembre 2020, le gouvernement du Canada s’est aussi engagé à élaborer sa toute première Stratégie nationale d’adaptation en collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, les administrations municipales, les peuples autochtones et d’autres partenaires de premier plan. La stratégie a établi une vision commune de la résilience climatique au Canada, a déterminé les principales priorités pour une collaboration accrue et a établit un cadre pour mesurer la progression à l’échelle nationale. Les tables consultatives d’experts ont contribué à l’élaboration de la stratégie, notamment les tables « Environnement naturel florissant » et « Infrastructures naturelles et bâties résilientes ».
En décembre 2020, le gouvernement du Canada a aussi publié Science du climat 2050 : Faire progresser la science et le savoir sur les changements climatiques, « une synthèse nationale pour permettre une meilleure compréhension de l’étendue des besoins en matière de science et de connaissances du changement climatique au Canada ». Cela comprend l'identification des lacunes dans les connaissances et des besoins en vue de mieux comprendre la relation entre les changements climatiques et la nature.
Le Canada et le Mexique codirigent le volet d’action sur les solutions fondées sur la nature en collaboration avec des partenaires internationaux. Le volet d’action a été conçu afin d’accélérer l’adoption de solutions fondées sur la nature pour l’adaptation au climat, en établissant le profil du leadership des pays et des villes, ainsi qu’en déterminant des approches novatrices pour le financement de ces solutions et en faisant participer les peuples autochtones et les jeunes afin de tirer parti de leurs perspectives.
Le Groupe de travail sur les changements climatiques du Conseil canadien des parcs a élaboré un cadre d’adaptation lié aux changements climatiques pour les parcs et les aires protégées (Figure 5). Ce cadre a ensuite été adapté par Parcs Canada à travers une approche misant sur des ateliers d’une durée de plusieurs jours portant sur l’adaptation, avec 13 ateliers organisés entre septembre 2017 et mars 2020 à mai 2019 avec des employés, et partenaires et la collaboration de sites administrés par Parcs Canada au Yukon, en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario, au Québec, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve et en Ontario.
Avec le soutien de l’Initiative de protection des Grands Lacs, Environnement et Changement climatique Canada travaille à l’adaptation aux changements climatiques par le biais d’un projet intitulé Assessing and Enhancing the Resilience of Great Lakes Coastal Wetlands. Ce projet quinquennal (de 2017 à 2022) vise à mettre au point des outils qui s’appuient sur la compréhension actuelle des processus, de la structure et de la composition des milieux humides côtiers afin de déterminer les impacts futurs des changements climatiques, de comprendre comment et où les milieux humides sont les plus susceptibles d’être touchés par les impacts des changements climatiques, et à rassembler tous les ordres de gouvernement, les peuples autochtones, les experts et les décideurs, les entreprises et les groupes communautaires en vue d’élaborer des stratégies et des mesures d’adaptation proactives pour renforcer la résilience des milieux humides côtiers dans le bassin des Grands Lacs.
La Communauté de pratique de l’adaptation au changement climatique (CdPACC) est une communauté interactive en ligne qui se consacre au progrès des connaissances et des mesures dans le domaine de l’adaptation aux changements climatiques. La CdPACC sert de forum dans lequel les chercheurs, les experts, les décideurs et les praticiens de partout au Canada se réunissent pour poser des questions, générer des idées, mettre en commun les connaissances et communiquer avec d’autres dans le domaine de l’adaptation aux changements climatiques. L’un des principaux objectifs de la CdPACC est de soutenir les efforts de toutes les provinces et tous les territoires du Canada qui visent à intégrer l’adaptation aux changements climatiques dans la planification et les politiques.
La Communauté de pratique en adaptation forestière (CdPAF) est une communauté interactive en ligne pour la mise en commun des renseignements et des meilleures pratiques en matière de vulnérabilité et d’adaptation aux changements climatiques dans le secteur forestier du Canada. Elle est soutenue par le groupe de travail sur les changements climatiques du Conseil canadien des ministres des forêts.
Le Groupe de travail sur l’adaptation des forêts facilite le partage des connaissances entre les intervenants du secteur forestier, notamment les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, l’industrie, le milieu universitaire et d’autres organisations non gouvernementales, afin de promouvoir l’adaptation aux changements climatiques dans le secteur forestier et les communautés du Canada.
En 2019, le Service canadien des forêts de Ressources naturelles Canada a publié un programme national de recherche sur les forêts de dix ans (de 2019 à 2029) pour aborder de front les effets des changements climatiques sur les forêts et les communautés forestières du Canada.
Pêches et Océans Canada soutient le financement de tierces parties pour entreprendre des activités de restauration aquatique qui améliorent la résilience des écosystèmes aquatiques du Canada face aux changements climatiques.
AdaptWest est une base de données spatiale conçue pour aider les organismes de gestion des terres et d’autres organisations d’Amérique du Nord à mettre en œuvre des stratégies qui favorisent la résilience, protègent la biodiversité et protègent et améliorent le potentiel d’adaptation des systèmes naturels face aux changements climatiques.
Le programme de laboratoires vivants de la Colombie-Britannique fait la promotion des aires protégées en tant que lieux d’apprentissage au sujet des effets des changements climatiques. Le programme encourage la recherche dans les aires protégées pour nous aider à comprendre comment les écosystèmes non développés réagissent aux changements climatiques. La recherche dans les parcs peut également nous indiquer comment la connectivité des terres et des eaux entre les parcs modifiera le cours des choses pour les espèces à mesure que le climat change. Ce type d’information aidera à prendre des décisions sur les mesures à prendre à l’intérieur et à l’extérieur des parcs.
Une stratégie d’adaptation consiste à concentrer la conservation sur les refuges contre les changements climatiques (c’est-à-dire les aires relativement protégées des changements climatiques contemporains au fil du temps). Les travaux menés à l’Université de l’Alberta (Projet BEACONs) visent à cibler et à protéger les refuges climatiques dans la région boréale de l’Amérique du Nord, une région en première ligne des changements climatiques.
Le ministère du des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario a produit une série de rapports scientifiques liés aux changements climatiques et à la vulnérabilité des espèces et des écosystèmes. En 2018, les résultats communiqués du projet pluriannuel de l’Ontario visant à évaluer la vulnérabilité aux changements climatiques des espèces du bassin des Grands Lacs de l’Ontario soutiennent l’élaboration de stratégies de conservation adaptatives. Les travaux ont utilisé l’indice de vulnérabilité aux changements climatiques de NatureServe. Une étude connexe de 2019 examine comment les paramètres associés au rythme des changements climatiques peuvent être utilisés pour orienter la planification des aires protégées et la conservation de la biodiversité en Ontario.
Le ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord (CIRNAC) gère le Programme : Se préparer aux changements climatiques dans le Nord qui finance des projets d’adaptation aux changements climatiques au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut, au Nunavik et au Nunatsiavut. Les responsables du programme collaborent avec les communautés autochtones et du Nord, les administrations territoriales et régionales, ainsi que d’autres intervenants dans le but de cerner les priorités relatives à l’adaptation aux changements climatiques dans le Nord. En ce qui concerne la santé de la faune et de l’écosystème, le programme a soutenu des évaluations qui aident à définir les impacts des changements climatiques sur les espèces végétales qui ont une importance culturelle au Yukon, à détecter l’expansion de l’habitat du castor au Nunavik, et le niveau de risque que représentent les zoonoses transmises par les arthropodes dans les Territoires du Nord-Ouest.
Une étude du couvert forestier à Montréal montre que la diversification des arbres urbains selon une approche par groupe fonctionnel est une stratégie d’adaptation efficace pour augmenter la résilience du couvert forestier urbain face aux changements climatiques.
Santé Canada a publié le document Réduire les îlots de chaleur urbains pour protéger la santé au Canada, qui explique que la chaleur urbaine, exacerbée par les changements climatiques, peut être atténuée par des choix de conception inspirés de la nature. Ces solutions peuvent comprendre des mesures ou des conceptions qui imitent, améliorent ou soutiennent les fonctions d’un système naturel. Par exemple, la construction d’un milieu humide pour aider à réguler les inondations et améliorer la qualité de l’eau, ou la plantation d’arbres dans les rues pour rafraîchir l’air. Au-delà de l’objectif visé par de nombreuses solutions fondées sur la nature, il existe souvent d’autres avantages pour la santé humaine et environnementale. Conservation de la nature Canada mène une stratégie d’adaptation liée aux changements climatiques pour promouvoir les corridors écologiques dans cinq régions du Québec et construire une vision commune de la connectivité dans le sud du Québec.
Approches de l’adaptation fondées sur la nature
La préoccupation soulevée dans l’objectif 5 est la capacité des écosystèmes à s’adapter aux changements climatiques. Cependant, la conservation de la biodiversité aide également la société à s’adapter aux changements climatiques. De multiples avantages peuvent être tirés de l’utilisation d’approches fondées sur la nature, tant pour l’adaptation aux changements climatiques que pour la réduction des émissions de GES, notamment :
réduction de l’impact des inondations;
réduction de l’impact des îlots thermiques urbains et de la chaleur;
protection contre les ondes de tempête et les marées salines;
fourniture d’un habitat et préservation de la biodiversité;
séquestration du carbone;
protection contre l’érosion;
atténuation de la sécheresse;
régulation du débit et de l’approvisionnement en eau;
amélioration de l’attractivité des lieux;
amélioration de la santé physique et mentale, du bien-être et de la qualité de vie;
création d’emplois verts.